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Le développement des industries des pâtes et papiers, au 19e siècle, est à l’origine de la progression des récoltes forestières dans l’aire de répartition du caribou forestier. Aujourd’hui, les activités forestières continuent de se déployer et modifient l’habitat du caribou. On estime que la forêt sous aménagement dans l’aire de répartition du caribou forestier couvre une superficie de 165 000 km² (26 % de l’aire de répartition du caribou forestier). Les activités forestières atteignent maintenant le 51e parallèle. Au rythme de progression actuelle, elles atteindront la limite nordique des forêts attribuables d’ici 2018.
Influence de l’exploitation forestière
L’exploitation forestière contribue, au même titre que les feux, à réduire temporairement la proportion de forêts matures ainsi que la quantité et la qualité du lichen, qui sont des éléments recherchés par les caribous. Les pratiques sylvicoles actuelles entraînent un rajeunissement et une uniformisation de l’âge des forêts, ce qui favorisent d’autres espèces comme l’orignal, entraînant ainsi une augmentation des populations de loups. [4] Le rajeunissement des forêts favorise aussi l’apparition de petits fruits, lesquels attirent les ours noirs. [5]
Parmi les perturbations liées à l’exploitation forestière, le réseau routier développé pour accéder aux parterres de coupe contribue largement à perturber les habitats, et ce de façon permanente.
Mesures et stratégies d’aménagement de l’habitat
Le plan de rétablissement du caribou forestier identifie l’adoption de mesures d’aménagement forestier visant à maintenir, à long terme, l’intégrité de la forêt boréale et à diminuer les impacts des interventions forestières sur l’habitat du caribou.
La stratégie d’aménagement inscrite dans le Plan de rétablissement du caribou forestier 2005-2012 préconisait notamment la rétention de massifs de protection et de remplacement d’environ 250 km². Cependant, des études récentes ont montré que la taille de ces massifs n’était pas suffisante pour qu’ils soient utilisés de manière significative par les caribous. De plus, leur situation, au sein d’un environnement fortement perturbé, compromet grandement leur utilisation, quelle que soit la superficie des massifs. [8] Par ailleurs, les effets de bordure associés aux coupes forestières [6] font en sorte que la probabilité de rencontre entre le caribou et le loup est particulièrement élevée dans les massifs de protection.
Le Plan de rétablissement 2013-2023 [4] propose donc de nouvelles stratégies d’aménagement forestier afin de mieux assurer la conservation du caribou forestier, en se concentrant notamment sur le maintien d’un seuil minimum d’habitats favorables au caribou.
Lignes directrices pour l’aménagement de l’habitat du caribou
Les lignes directrices pour l’aménagement de l’habitat visent à proposer une approche pour l’élaboration de plans d’aménagement forestier qui puissent maintenir une quantité, une configuration et une répartition spatiale d’habitat convenable pour le caribou forestier. [5] Ces lignes concernent l’ensemble de l’aire d’application du plan de rétablissement. Les lignes directrices du plan [5] se basent principalement sur les notions de « taux » et de « seuil » de perturbation développées par Environnement Canada. [2]
Taux de perturbation de l’habitat
Il existe une relation entre la croissance d’une population de caribous et la perturbation de son habitat. [2] La croissance de la population permet d’assurer sa survie à long terme et correspond à une probabilité d’autosuffisance élevée. Plus le taux de perturbation est élevé, plus la croissance de la population est compromise. Ainsi, les populations de caribous seraient autosuffisantes (probabilité de plus de 60 %) sous un seuil de 35 % de perturbation de leurs habitats. Par contre, l’autosuffisance devient peu probable (probabilité de moins de 40 %) au-delà d’un seuil de perturbation de 45 %.
Taux de perturbation au Québec, basé sur les critères d’Environnement Canada (2011), au sud de la limite nordique d’attribution de la forêt commerciale
Origine et effet des perturbations
Les effets des perturbations ne se limitent pas à la perturbation ellemême, mais se font également sentir dans une zone d’influence pouvant atteindre plusieurs kilomètres. [7]
Le Bureau du forestier en chef (BFEC) se prononce
Le BFEC évalue les volumes de bois qu’il est possible de récolter : c’est « la possibilité forestière ». Dans un récent avis, il s’est penché sur l’effet des stratégies actuelles d’aménagement forestier sur l’évolution des taux de perturbation dans l’habitat du caribou forestier. [1] Son évaluation a été menée sur la presque totalité du secteur sud de l’aire d’application du plan de rétablissement, à l’échelle d’unités d’analyse d’environ 5 000 km². Cette forêt est sous aménagement forestier.
Selon le BFEC la moitié du territoire présenterait un taux de perturbation de plus de 45 % (autosuffisance peu probable). Environ le tiers du territoire présenterait moins de 35 % de perturbation (autosuffisance probable). Or, les stratégies actuelles d’aménagement causeraient la perte d’environ 70 % des portions de territoire où l’autosuffisance est probable.
Ces résultats démontrent l’ampleur des efforts qu’il est nécessaire de déployer afin d’assurer le maintien de l’habitat du caribou forestier en forêt aménagée.
Approche proposée par l’Équipe de rétablissement du caribou forestier [5]
Viser une probabilité d’autosuffisance minimale de 60 %. Ceci correspond, pour chacune des unités d’analyse, à un taux de perturbation maximal de 35 %.
Dans les zones où le taux de perturbation est inférieur ou égal à
35 %, s’assurer que ce taux est maintenu ou abaissé de façon à maintenir une probabilité d’autosuffisance des populations supérieure à 60 %.
Dans les zones où le taux de perturbation est supérieur à 35 %, préparer des plans de restauration de l’habitat. Ces plans devront comprendre des mesures de réduction du taux de perturbation de la zone concernée et des mesures de conservation des massifs forestiers intacts :
Si le taux de perturbation est compris entre 35 % et 50 %, conservation des massifs intacts de plus de 100 km² (idéalement
1 000 km²).
Si le taux de perturbation excède 50 %, conservation des massifs névralgiques ou jugés importants.
Dans chaque zone, maintenir des massifs de 1 000 km² dont le taux de perturbation est déjà inférieur à
10-20 %. Ces massifs devraient se rapprocher d’une forme circulaire.